Le roi nu

Chroniques d'actualité, avec des attributs royaux qui pendouillent.

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Du coup le roi nu s’envoie en l’air

Le roi nu est tout excité. Ce soir il s’envoie en l’air. C’est pas tous les jours. Comprenez-le, la dernière fois c’était il y a cinq ans ! C’était d’ailleurs la première. Il en garde un souvenir impérissable. C’était merveilleux. Une incroyable sensation de peur et de sérénité mélangées. Et cette impression de toute puissance ! D’avoir une chance unique, pas comme le commun des mortels. Rien depuis cinq ans ! Comprenez-le, il est frustré.

Du coup, il a tout bien préparé. Il a embarqué quatre-vingt-dix tonnes d’ergol liquide à brûler pour-sauver-la-planète, calculé sa trajectoire, checké la check-list, fait un sourire à la caméra comme stipulé par son contrat. C’est d’ailleurs un peu pour la blancheur de ses dents qu’il a été sélectionné pour s’envoyer en l’air. Du coup, il est fier et tous les concisujets du royaume sont fiers grâce à lui. Ils se disent qu’ils sont un grand peuple puisqu’ils ont réussi à envoyer un des leurs en l’air. Les belles-mères rêvent de l’avoir comme gendre, pour des raisons différentes des beaux-pères. Tout le monde rêve à travers lui de s’envoyer aussi en l’air. Et d’échapper à la vitesse foudroyante du hasard et à la gravitation harassante de la nécessité.

Et hop, le roi nu s’est envoyé en l’air.

Du coup, le roi nu est maintenant sur orbite à s’émerveiller de la beauté de la planète et à faire caca en apesanteur dans un sac plastique. De là-haut, il voit les choses autrement. Il trouve que la planète est fragile. Qu’on devrait arrêter de faire la guerre. Que ses enfants lui manquent. Que grâce à la recherche, on va faire un grand pas pour l’humanité. Qu’on est tous sur le même navire. Qu’il faudrait moins de pauvres et leur donner à boire de l’eau potable. Que le fromage lui manque. Que ses attributs royaux qui pendouillent sont bien peu de choses sans gravitation universelle.

En même temps, comme c’est la deuxième fois qu’il s’envoie en l’air, ce n’est plus pareil. Il n’y croit déjà plus vraiment. Qu’a-t’on fait depuis cinq ans ? Qu’est-ce qui a changé depuis cinq ans ? … Et depuis soixante ans ?

Du coup le roi nu s’est bien éclaté à s’envoyer en l’air, mais c’était pas pareil.