Depuis toujours, le roi nu aime bien tripoter les boutons. Il ne sait pas pourquoi il aime ça. Parfois, il sait à quoi les boutons servent, comme pour allumer la lumière, mais la plupart du temps, il ne sait pas à quoi ils servent. Mais il sait qu’ils servent à quelque chose. Du coup, c’est excitant de les tripoter pour deviner. Du coup, il tripote tous les boutons qui lui tombent sous la main, comme ceux de la machine à laver à triple programmateur d’obsolescence, ceux de son SUV hybride-pour-sauver-la-planète, ceux du volet automatique de la baie vitrée du salon à télécommande universelle sans bouger du canapé. Il tripote aussi ceux du tableau électrique et du compteur du palais et ceux des tableaux de contrôle des usines de boites de sardines et autres usines comme les télévisions, les tractopelles, les écoles et les centrales nucléaires.
Avant l’électricité et l’électronique, il aimait aussi tripoter les mollettes, les boulons et les targettes. Il aime toujours ça mais il préfère encore plus tripoter les boutons parce-que c’est moins fatiguant que de tourner des manivelles. Et puis maintenant, avec le progrès de la croissance verte, on peut désormais aussi tripoter des écrans, des souris et mêmes des icônes et des raccourcis dans le cloud et c’est rigolo aussi parce qu’on ne comprend pas toujours ce qu’on fait même si en vrai, ça peut faire dérailler des trains, couper l’électricité d’une ville entière ou le chauffage d’un hôpital.
Depuis quelques temps, à force de tripoter tous les boutons du royaume, la patate macroéconomique-et-sociale est chaude. Trop chaude. Du coup, il veut refiler la patate chaude aux autres. Du coup, les autres disent ouais carrément parce qu’ils ont les crocs et parce qu’ils en ont tellement rêvé de cette patate ! Mais là, elle est à moitié cramée… Du coup personne ne veut qu’on lui refile la patate chaude mais il ne faut pas le dire.