Le mocassin à glands est une espèce en voie de disparition ce qui navre passablement le roi nu.
Les naturalistes se perdent en conjectures pour expliquer sa raréfaction depuis quelques décennies. Le mocassin à glands ayant pour biotope privilégié les quartiers ouest des mégapoles, l’explication par les pesticides a rapidement été écartée. En revanche, l’excès de pollution aux particules fines est soupçonné, mais sans qu’un lien de cause à effet n’ait été à ce jour formellement établi, malgré le travail acharné des meilleurs laboratoires du royaume. D’autres pistes sont explorées, notamment alimentaires, certains scientifiques ayant observé une présence excessive de blé dans la panse des mocassins à glands entraînant une morbidité débridée.
Du coup le roi nu se désole et convoque au palais le chef de l’Académie Royale des Seuils de Nuisances Acceptables.
— Victor, je veux des résultats ! Dites-moi où en sont vos recherches ?
— Majesté, nous tournons en rond. Nous ne parvenons pas à comprendre cette disparition inéluctable des mocassins à glands. À ce jour, nous n’observons plus que quelques rares spécimens âgés qui ont manifestement développé des résistances suffisantes à la grande époque ; mais les plus jeunes sont décimés par cohortes et nous sommes impuissants.
— Pourtant, si je ne m’abuse, observe le roi nu, les glands ne se sont jamais aussi bien portés. J’en croise quotidiennement. A croire qu’ils sont devenus une espèce invasive. Vous conviendrez qu’il y a là un paradoxe mystérieux.
— Effectivement, ce paradoxe ne nous a pas échappé. Nous n’en sommes pas moins impuissants.
Le roi nu est songeur. Ces scientifiques semblent bien résignés à être impuissants. C’est qu’ils ne sont pas roi. Mais lui si. C’est le roi. Son devoir, sa nature, son destin, c’est d’être puissant, pas scientifique.
Du coup, le roi nu annonce à la tétélé qu’il va lancer un grand plan de réarmement des mocassins à glands. Voilà, comme ça il n’est pas impuissant.